L’IMPLICATION DES HOMMES AVEC UNE APPROCHE TRANSFORMATRICE DE GENRE POUR METTRE FIN AUX MGF

L’approche communautaire transformatrice de genre : un des piliers de l’approche transformatrice de genre pour mettre fin aux MGF

 

 

 

L’approche communautaire transformatrice de genre s’inscrit dans l’approche transformatrice de genre de manière plus générale comme nous pouvons le voir sur le schéma ci-contre.

 

 

 

 

L’approche transformatrice du genre vise à déconstruire les stéréotypes, à prendre conscience de comment on a été socialisé et des rôles attendus par la société afin de réaliser les inégalités de pouvoir et les discriminations que cela entraine.

L’Approche Communautaire Transformatrice de genre est une composante de cette approche car qui s’appui sur le fait que le changement qui résulte de cette prise de conscience entraine une écoute, un respect entre les sexes, une égalité entre hommes et femmes et une diminution des violences faites aux femmes, dont les MGF.

Le changement peut se faire au niveau individuel, mais également au niveau structurel et sociétal (travail, école, institutions, …)

Le modèle socio-écologique des approches transformatrices de genre décrit 6 niveaux, il est important d’avoir une approche coordonnée sur les différents niveaux pour un impact durable via un ensemble d’action. Les actions misent en œuvre dans l’Approche Communautaire Transformatrice touche les niveaux 1 (individuel ), niveau 2 (ménages, familles et relations entre pairs) et niveau 3 (communautés).

Le changement sociétal est dynamique, à long terme, et implique de nombreux acteurs/actrices et un processus interdépendant. L’approche communautaire transformatrice du genre (ACT) pour mettre fin aux mutilations génitales féminines et aux violences basées sur le genre est une voie destinée à trouver des solutions à des problèmes sociaux complexes. Dans sa forme la plus élémentaire, il s’agit de programmes et d’interventions qui créent des opportunités pour les individus, de remettre activement en question les normes traditionnelles et de s’attaquer aux inégalités de pouvoir dans les communautés. Les mutilations génitales féminines (MGF) sont étroitement liées à l’inégalité des relations de pouvoir entre les hommes et les femmes et constituent une forme de violence fondée sur le genre (VBG).

Cette approche se compose de trois phases. Ces trois phases ont été construites, mises en œuvre et validées au cours de plusieurs cycles de recherche-action menés en Guinée Conakry notamment dans les régions de Mamou et N’zérékoré.

L’‘’approche communautaire transformatrice du genre’’ consiste à former des animateurs/animatrices issus des communautés concernées par les mutilations génitale féminines. Ils/elles sont chargés d’animer des séances de dialogue en non-mixité aussi bien de sexe que de génération (afin de favoriser les échanges). Ces sessions de dialogues communautaires vont aborder les relations entre les hommes et les femmes, la manière dont nous avons été socialisés, les questions de sexualité, de plaisir (pour faire le lien avec l’impact des MGF), les droits sexuels et reproductifs, les violences basées sur le genre. Les sessions de dialogue ont lieu tous les 15 jours. Pendant cette période, les participants sont invités à échanger avec au moins 5 personnes de leur quartier afin de diffuser les messages et avoir un impact sur la communauté.

Une fois les 7 sessions de dialogue terminées, les 4 groupes sont invités à se regrouper, pour partager leurs expériences pendant les sessions, les changements individuels observés ainsi que dans leur famille et au sein de la communauté . Les participants préparent ensemble des messages importants à partager aux autorités locales et une journée de restitution est organisée avec les autorités où les participants s’expriment. Les autorités sont également invitées à s’engager, car certaines actions et recommandations relèvent du niveau institutionnel.

La note technique de l’UNFPA intitulée « Approches transformatrices en matière de genre pour parvenir à l’égalité des sexes et à la santé et aux droits sexuels et reproductifs » indique que l’égalité des sexes est intrinsèquement liée à la santé et aux droits sexuels et reproductifs (SDSR). Les inégalités entre les sexes et les masculinités néfastes contribuent à des taux élevés des violences ; environ 30 % des femmes dans le monde ont subi au cours de leur vie des violences physiques et/ou sexuelles de la part d’un partenaire intime ou des violences sexuelles non liées à un partenaire.

Les masculinités positives, contrairement aux masculinités néfastes, soutiennent des comportements et des sociétés saines et non discriminatoires qui font progresser l’égalité des sexes, ainsi que l’action et les droits des femmes et des filles. La promotion des masculinités positives nécessite un partenariat avec les hommes et les garçons. Selon le groupe de travail interagences sur le genre, 2010. Bartel et Greene, 2018, les efforts de transformation du genre qui touchent à la fois les hommes et les femmes, les garçons et les filles, sont parfois appelés approches synchronisées du genre.

L’approche communautaire transformatrice de genre contribue à la transformation du genre en sensibilisant à propos des inégalités au sein de la société, notamment à la législation, aux normes et aux stéréotypes sur ce que signifie être un homme ou une femme, aux masculinités néfastes et au soutien insuffisant apporté à l’action et aux droits des femmes.

Cette contribution peut être obtenue à travers quatre leviers de changement dans la société:

  • Premièrement, il est nécessaire de modifier et de transformer les attitudes, idées et normes néfastes qui prévalent en matière d’égalité des sexes, de pauvreté et de droit à la santé et aux droits sexuels et reproductifs (SDSR), tels qu’elles sont entretenues par les décideurs politiques, la classe politique (leurs circonscriptions et leurs partis) ;
  • Deuxièmement, il est nécessaire de renforcer l’engagement politique, la capacité institutionnelle et la responsabilité en matière d’égalité entre les femmes et les hommes ;
  • Troisièmement, il faut garantir un financement adéquat, durable et respectueux de l’égalité entre les femmes et les hommes;
  • Enfin, il est important d’amplifier et de développer la voix et la capacité des organisations de la société civile à intégrer des approches transformatrices de l’égalité entre les femmes et les hommes dans tous les aspects de leur programmation et de leur politique, y compris la conception, la mise en œuvre et l’évaluation des programmes.

Changer les attitudes individuelles peut s’avérer insuffisant pour modifier les comportements ; l’approche communautaire transformatrice de genre est celle qui a un potentiel énorme pour engager la communauté dans son ensemble à travers des initiatives visant à modifier les normes sociales. Les interventions au niveau communautaire comportent souvent des éléments visant à mobiliser des personnes spécifiques (agents de changement) au sein d’une communauté pour encourager d’autres personnes à changer , en favorisant le dialogue et en diffusant des messages à des personnes autres que les participants directs.

Plusieurs organisations appellent à un changement profond et testent actuellement de nouvelles approches pour travailler sur les relations hommes-femmes, par le biais d’approches transformatrices du genre en incluant les hommes et en tentant de déconstruire les stéréotypes de genre et les questions de pouvoir ainsi que des dominations liées à la société patriarcale. Cela peut se faire au niveau individuel, mais le plus durable est d’intégrer cette approche de genre dès le plus jeune âge dans le programme scolaire et plus tard dans le monde du travail. L’expérience du FAWE (le forum des éducatrices africaines) qui soutient des centres d’excellence (écoles ayant une approche genre pour promouvoir l’égalité des sexes) est une approche qui a fait ses preuves et qui mérite d’être mise à l’échelle. Les initiatives locales menées par les jeunes avec l’utilisation des TIC doivent également être soutenues car ce sont les générations futures qui, ainsi mobilisées, seront les acteurs/actrices du changement (Barry, AAB 2017).

L’approche communautaire transformatrice de genre est ainsi un outil qui favorise aussi l’implication des hommes et des jeunes garçons en effet, lors du dernier Dialogue international des parties prenantes sur les approches transformatrices de genre pour mettre fin aux MGF (ISD), nous avons pu noter que les interventions au niveau communautaire sont très souvent appliquées dans le contexte des MGF. Les participants/participantes à l’ISD ont indiqué avoir adopté des approches dans lesquelles une observation des communautés et de leurs normes de genre internes a été utilisée comme base pour dispenser une formation adaptée sur les droits humains et l’égalité et des sessions où les hommes sont encouragés à écouter les expériences des femmes de leur communauté. D’autres adoptent une approche d’autonomisation de la communauté qui définit le rôle de chaque membre de la communauté dans le processus d’abandon des MGF, autonomisant les femmes et les filles pour s’affirmer contre cette pratique à partir de la position qu’elles occupent au sein de la communauté et en encourageant les hommes à être les garants des changements culturels et de normes en ce qui concerne cette pratique.

Une série de défis qui entravent la mise en œuvre d’une approche transformatrice de genre pour mettre fin aux MGF ainsi que les lacunes dans les efforts actuels ont été identifiés à l’instar des : résistance des éducateurs/éducatrices, des parents et des chefs religieux et communautaires, la peur des exécutants/exécutantes du projet et des membres de la communauté de provoquer des tensions ou des conflits en soulevant des sujets inconfortables, tels que : les MGF ou les normes de genre, la difficulté de défier les coutumes et les traditions au sein des communautés ainsi que les sujets particulièrement tabous de la sexualité et des MGF , la communication sur ce qu’est une approche transformatrice de genre,… L’approche communautaire transformatrice de genre permet d’apporter une réponse à ces défis à travers sa méthode qui met au centre les communautés concernées.

Références