Santé Psycho-Sexuelle

Vers un accompagnement multidisciplinaire des femmes concernées par une MGF

 

Dans certains pays ou régions, le traitement proposé par les centres de santé (publics ou privés) aux femmes et filles ayant subi une MGF a longtemps été limité aux aspects purement médicaux : traitement d’une complication, opération chirurgicale (désinfibulation, ablation d’un kyste…). Or, nous pensons qu’il est important de considérer l’individu dans sa globalité et qu’il est bon de tenir compte de son bien-être général en lui proposant un accompagnement complet et varié, c’est à dire non seulement physique mais également psychologique et sexuel.  En effet, l’Organisation mondiale de la santé définit bien la “santé” comme “un état de complet bien-être physique, mental et social, et ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d’infirmité”

Une mutilation sexuelle peut engendrer des conséquences physiques ainsi que psychologiques. Ces dernières se manifestent soit de manière immédiate, pendant l’excision ou quelques jours après celle-ci, soit de manière différée, c’est à dure plusieurs mois voir plusieurs années plus tard. Lorsqu’on parle de l’impact immédiat, on peut citer l’effroi, un sentiment d’impuissance, d’étrangeté, de mort, un sentiment de trahison des pairs mais aussi, à plus long terme, le sentiment de ne pas être “normale” – notamment pour les femmes qui migrent vers des pays où l’excision n’est pas la norme – l’impact sur l’image de soi, sur le plaisir et le désir sexuel, le syndrome de stress post-traumatique…

De plus, l’OMS (mai 2016) conseille aux professionnel.le.s d’aller au-delà du traitement des conséquences physiques des MGF et recommande un traitement des troubles dépressifs et d’anxiété ainsi qu’une attention spécifique à la santé sexuelle des femmes.

Qu’est-ce qu’une prise en charge psycho-sexuelle et sociale des femmes et filles concernées par les MGF ?

Notre définition d’une approche thérapeutique est large et peut inclure une variété de pratiques diverses menées autant par des professionnel.le.s que par des groupes communautaires. Alors, qui est thérapeute ? Qu’est-ce qui est thérapeutique pour des femmes concernées par l’excision ? Nous proposons de reprendre la définition suivante: “le processus thérapeutique doit permettre de soutenir le cheminement de (re)construction identitaire et permettre à la personne qui consulte de reprendre possession et conscience de son vécu, de son ressenti, de ses ressources et de son autonomie” (GAMS, 2015, p.83). Dans le cadre de la prise en charge sexologique, nous pouvons ajouter qu’il ne s’agit pas seulement de “traiter” mais également de promouvoir le plaisir sexuel des femmes en leur permettant de mieux se connaitre et de trouver leur place active dans leur sexualité.

Toutes initiatives menées en faveur du bien-être psychologique et sexuel des femmes concernées par les MGF nous semblent intéressantes à partager, quel que soit l’initiateur ou l’initiatrice de ce projet. Nous proposons donc aux personnes qui remplissent cette enquête de définir leur démarche thérapeutique.

Nous voyons des professionnel.le.s (mais pas uniquement), des psychologues et des sexologues aussi, adapter des outils “classiques” de thérapie sur le sujet spécifique des MGF et pour un public de femmes excisées. D’autre part, des associations et groupes de femmes mettent en place des actions de bien-être et d’échange afin de traiter les conséquences psychologiques et sexuelles d’expériences traumatiques.

Des centres médicaux multidisciplinaires de prise en charge des femmes ayant subi une MGF existent dans certains pays d’Europe depuis quelques années (par exemple en Belgique, en Allemagne, en Hollande et en France). Ces centres proposent non seulement une prise en charge chirurgicale (ablation kyste, désinfibulation,…), mais égalemet un accompagnement psychologique, sexologique et de la kinésithérapie. Quelques centres proposent la reconstruction chirurgicale du clitoris. Des associations militantes proposent également des ateliers communautaires ainsi qu’un suivi individuel social ou psychologique.

Il existe, à notre connaissance, peu de documentation sur les expériences de prise en charge multidisciplinaire dans d’autres régions, et notamment en Afrique. Le traitement des MGF a longtemps été considéré uniquement sous l’angle médical, et dans certains contextes il peut être difficile voire impossible d’obtenir un soutien psychologique ou sexologique après une excision. Plusieurs problèmes se posent également lorsque des services psycho-sexologiques existent, notamment des difficultés de disponibilité et d’accès aux services ainsi que le manque d’information. Néanmoins, certains centres de prise en charge médicale, comme au Burkina Faso, travaillent avec des psychologues afin  d’assurer un suivi global.

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