LA VOIX DES FEMMES AFRICAINES CONTRE LES VIOLENCES BASÉES SUR LE GENRE ET LES MGF

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Par Cynthia Umurungi, la modératrice de la COP et Marianne Nguena, la coordinatrice de la COP.  

La voix d’une femme est une arme si puissante. Pas étonnant que sa voix soit plus souvent réduite au silence. Mais, comment les femmes, trouvons-nous une voix collective pour plaider ou lutter pour de meilleures conditions ? Comment se lever toutes pour dire ça suffit. Nous voulons être libres, comme l’autre moitié de la population mondiale. Nous voulons que nos enfants vivent leur vie comme ils/elles l’entendent et explorent leur plein potentiel.  

Le forum AHCAMA qui s’est déroulé les 28 et 29 octobre 2022 à Barcelone, en Espagne, était une contribution à la voix collective et nous aimerions partager les quelques réflexions qui sont sorties du forum avec les membres de la communauté de pratique.  

Afin de contribuer à cet effort, l’équipe de la COP MGF a participé aux côtés de l’Association Humanitaire contre l’Ablation des Femmes Africaines (AHCAMA) et la Fondation Guné, au FORUM INTERNATIONAL BARCELONE 2022 intitulé ‘’LA VOIX DES FEMMES AFRICAINES CONTRE LA VIOLENCE BASÉES SUR LE GENRE ET LES MGF”  

Ce fut l’occasion d’analyser notamment le rôle des femmes africaines dans l’éradication des violences basées sur le genre.  

L’objectif de cette conférence internationale des acteurs de terrain était de:  

– Faire entendre la voix des femmes travaillant sur le terrain dans le domaine de la prévention et de la lutte contre les violences basées sur le genre afin de créer une alliance des mouvements féministes et des droits humains entre l’Afrique et l’Europe pour la coopération technique.  

– Trouver des solutions innovantes aux violences basées sur le genre.  

Pour que l’Afrique et le monde en général atteignent l’objectif d’une société véritablement transformée en termes de genre, nous avons besoin de plus d’espaces pour parler des violences auxquels les femmes sont confrontées au quotidien.  Il n’y aura jamais assez d’espaces créés par les femmes pour exprimer leur mécontentement face aux conditions qui affectent négativement la vie des femmes et des filles et pour exiger le respect de la liberté des femmes et des filles, de leur autonomie corporelle et de leur capacité à faire des choix personnels dans leur vie.   

L’équipe de la COP FGM a trouvé le forum de l’AHCAMA très pertinent car la plupart des sujets abordés avaient déjà été discutés par les membres.   

Les mutilations génitales féminines (MGF) qui continuent de menacer la santé et le bien-être de millions de filles dans le monde, creusant les inégalités entre filles et garçons et les normes discriminatoires qui affectent les filles (UNICEF, 2016). Pour rappel, plus de 200 millions de filles et de femmes en vie aujourd’hui ont subi des MGF dans 31 pays, et 68 millions de femmes et de filles supplémentaires sont menacées d’ici 2030 (bases de données mondiales de l’UNICEF, 2022). Les mutilations génitales féminines peuvent être considérées comme une problématique isolée ou comme une partie d’un ensemble plus vaste de problèmes qui montrent directement comment le corps d’une femme ou d’une fille est constamment violenté et renforcent l’idée que son corps n’est en réalité pas le sien. Les chiffres montrent que 35 % des femmes et des filles seront victimes de violences physiques au cours de leur vie. Plus de 700 millions de filles sont mariées avant l’âge de 18 ans. Les victimes subissent de graves conséquences physiques et psychologiques, à court et à long terme, qui entravent leur participation pleine et égale à la vie de la société.  

Ces chiffres ne sont pas réjouissants et racontent une histoire douloureuse. Beaucoup a été fait pour rectifier ces faits, mais il reste encore beaucoup à faire pour changer le sort et la vie des femmes et des filles dans nos communautés. Des espaces tel que le Forum de Barcelone de l’AHCAMA contribue énormément à cet idéal. Offrir aux filles et aux femmes le temps et l’espace pour s’exprimer et exiger d’être protégées par leurs gouvernements, les organismes nationaux et internationaux est sans égal. Un plus grand nombre d’espaces de ce type contribuerait grandement à montrer aux femmes et aux filles qu’il est de leur droit de demander à leur pays de rendre des comptes sur leur bien-être. Ces espaces sont un moyen de communiquer aux autorités les réflexions des acteurs et actrices de terrain, et de recevoir des recommandations qui feront partir des agendas internationaux.    

Parmi les sujets abordés lors du Forum de Barcelone, quatre d’entre eux étaient particulièrement intéressants pour la communauté de pratique car ils avaient déjà été abordés ou concernaient directement les thèmes de travail de la COP.  

  1. La loi comme mécanisme préventif. Auparavant, la COP avait eu une discussion sur la loi et les MGF. Les membres ont pris le temps d’examiner les défis en termes de législation et de comprendre les progrès qui ont été réalisés en ce qui concerne l’établissement des lois nationales.
  2. Travailler avec les communautés à titre préventif. Dans le cadre de la discussion sur la loi et les MGF, il a été mentionné à maintes reprises qu’avoir la loi en place n’était pas suffisant et n’était pas efficace tant que la communauté n’a pas été sensibilisée et n’est pas partie prenante. Ce n’est qu’alors que la loi peut être efficace, car la communauté rejette collectivement les pratiques néfastes et ceux qui enfreignent la loi ne sont pas tolérés ou ne resteraient pas impunis. 
  3. Normes sociales, pratiques culturelles, religion et MGF. Un aspect de la norme sociale revient chaque fois que le groupe discute des causes des MGF et des raisons pour lesquelles elles sont difficiles à éradiquer. Cela a été davantage entendu lors de la discussion sur les approches transformatrices en matière de genre. Une discussion distincte sur la religion et les MGF a également eu lieu à la COP. 
  4. Des financements alternatifs et innovants pour atteindre l’objectif 5. C’est le sujet qui est actuellement débattu à la COP. Dans un contexte financier mondial difficile, où les formes traditionnelles d’aide au développement et les subventions institutionnelles sont très demandées, les approches de financement innovantes apparaissent comme une solution complémentaire pour générer des sources de financement pérennes pour atteindre les objectifs de développement durable. À la fin de la discussion, une conversation avec les membres de la COP au sens large a été menée et les recommandations à ce sujet, incluant celles de AHCAMA seront partagées avec le groupe de travail des bailleurs de fonds et à toute la communauté.  

Connaissez-vous d’autres initiatives qui créent un espace pour les femmes et les filles au niveau de diverses communautés pour se réunir, parler d’une seule voix contre les MGF et défendre leurs droits ? Nous serons heureux d’en savoir plus sur ces initiatives, de nous y associer et de contribuer à faire entendre leur voix.