Changement Climatique et MGF au sein des Communautés Maasai au Kenya
Nous présentons un article écrit en 2021 par by Tammary Esho, Everlyne Komba, Fabienne Richard, and Bettina Shell-Duncan qui cherche à éclairer l’effet du changement climatique sur l’évolution des normes sociales et de genre, ainsi que sur les pratiques de MGF parmi les Maasai du comté de Kajiado.
L’étude soutient que des facteurs socio-écologiques plus larges constituent des obstacles au changement des normes sociales chez les Maasai de Kajiado. Par conséquent, il est nécessaire d’adopter une approche intersectionnelle et multi-niveaux dans la conception des programmes visant à mettre fin aux MGF. Les facteurs sociaux, économiques et environnementaux contextuels ne doivent pas être négligés lors de l’élaboration des interventions contre les MGF.
Les sécheresses récurrentes au Kenya ont entraîné des pertes agricoles massives et des pénuries d’eau, affectant gravement les communautés pastorales comme les Maasai, qui dépendent principalement de l’élevage pour leur subsistance. Avec l’assèchement des rivières et des lacs ainsi que la dégradation des pâturages, de nombreux éleveurs sont contraints de migrer sur de longues distances, parfois jusqu’aux zones urbaines comme Nairobi, à la recherche d’eau et de terres de pâturage. La perte du bétail, un atout économique crucial, a plongé de nombreuses familles dans une pauvreté extrême, augmentant leur recours à des mécanismes de survie nuisibles.
Dans des régions comme Saitamurt, le mariage des enfants est souvent utilisé comme stratégie de survie. Les familles marient leurs jeunes filles à des foyers plus aisés afin d’assurer leur accès aux besoins de base et de recevoir un soutien financier sous forme de dot. Dans de nombreux cas, subir une MGF est une condition préalable au mariage, renforçant ainsi cette pratique au sein de ces communautés.
Le changement climatique affecte de manière disproportionnée les femmes et les filles, en particulier dans les communautés marginalisées. Un accès limité à l’éducation et à l’emploi formel augmente leur vulnérabilité, les laissant dépendantes des structures sociétales traditionnelles. Faute d’opportunités économiques alternatives, les familles en détresse perçoivent le mariage — et par extension les MGF — comme un moyen de garantir l’avenir de leurs filles.
De plus, les autorités administratives des régions touchées ont signalé que les difficultés économiques causées par le changement climatique poussent les familles à prendre des décisions désespérées, notamment en “pratiquant secrètement l’excision et en mariant les filles, parfois même au-delà des frontières. Cela est devenu un mécanisme de survie.” Certaines jeunes Maasai, en quête de nourriture et d’eau, traversent la frontière vers la Tanzanie voisine, où les taux de MGF restent élevés, augmentant ainsi leur risque d’être soumises à cette pratique.
L’infrastructure insuffisante et l’accès limité à l’éducation aggravent encore la vulnérabilité des filles dans les régions touchées par le climat. Dans le comté de Kajiado, de nombreuses écoles peinent à maintenir les filles dans le système scolaire en raison de l’augmentation des responsabilités domestiques, notamment la collecte d’eau et de bois de chauffage, ainsi que la gestion des tâches ménagères, en particulier lorsque les hommes migrent avec le bétail. Le manque d’accès à l’éducation contribue à un taux d’abandon scolaire élevé et renforce les pratiques traditionnelles, y compris les MGF.
Les rapports indiquent que, pendant les périodes de sécheresse extrême, les familles privilégient leur survie immédiate aux investissements à long terme tels que l’éducation. Sans un système de soutien solide, incluant des incitations économiques pour maintenir les filles à l’école, le cycle du mariage précoce et des MGF risque de persister.
En conclusion, cette étude met en évidence que la prévalence des MGF et des mariages d’enfants chez les Maasai du comté de Kajiado est largement perpétuée par des interactions mal comprises entre le changement climatique et l’élargissement des inégalités de genre. Ces inégalités rendent les filles et les femmes plus vulnérables aux pratiques néfastes et à la précarité socio-économique due au manque d’éducation.
L’article complet est disponible ici.