Médias & MGF

L’ONG italienne AIDOS a toujours accordé une grande importance à la communication dans son travail de promotion de l’abandon des mutilations génitales féminines (MGF), notamment par le biais de formations sur l’utilisation de différents types de médias. Ces formations visent à renforcer la capacité des professionnel.le.s à aborder la question, ainsi qu’à fournir aux militant.e.s les outils nécessaires pour parler de leur propre voix.

Au cours des dix dernières années, plusieurs formations sur la production de vidéos et de radios ont été organisées dans le cadre de projets soutenus par le programme conjoint UNFPA-UNICEF pour l’éradication des mutilations génitales féminines, et dernièrement par l’Initiative Spotlight pour éliminer la violence à l’égard des femmes et des filles, au Burkina Faso, au Kenya, au Sénégal et en Ouganda. Des formations se sont également tenues en ligne.

Les objectifs de ces formations sont les suivants :

• Donner aux jeunes qui travaillent déjà sur la question au niveau communautaire les moyens de mieux communiquer et de défendre la cause des MGF.   
• Encourager les professionnel.le.s et les activistes à produire des émissions de radio ou des vidéos sur le sujet, à partir de leur expérience / perspective personnelle.
• Fournir aux jeunes militant.e.s des outils leur permettant de parler de leur propre voix.

Adoptant une approche « bâtir des ponts », AIDOS invite des participant.e.s originaires de différents pays et régions. Parfois, les groupes comprennent des personnes d’Afrique et d’Europe (migrant.e.s et afro-descendant.e.s). C’est l’occasion de partager des pratiques, des points de vue et des histoires. Les outils produits peuvent être utilisés à la fois en Afrique et en Europe et abordent souvent des questions liées à la migration.

Les formations prévoient la participation active des stagiaires. Dans le cas des formations sur la production vidéo, par exemple, les participant.e.s dirigent chaque étape du processus : définition des profils des personnages, rédaction du scénario, casting, élaboration du plan de production, tournage, montage, etc. De plus, pendant le tournage – qui est entièrement géré par les participant.e.s – chaque participant.e assure à tour de rôle tous les rôles sur le plateau : réalisateur.trice, camera(wo)man, prise de son, formation des acteurs et actrices, etc.

En plus de travailler ensemble sur un projet commun, les participant.e.s développent également leur propre concept de programme vidéo/radio pendant la formation (en travaillant seul.e.s ou en petits groupes). Elles et ils ont plusieurs occasions de le présenter aux formatrices.teurs et aux autres stagiaires, de recevoir des commentaires et des suggestions, de le retravailler et de l’affiner. À la fin, tous les projets personnels ou certains d’entre eux reçoivent un budget, une assistance technique à distance et du matériel. Les participant.e.s apprennent à produire leurs œuvres avec un petit budget et un équipement léger, comme des smartphones et des logiciels de montage gratuits. Chaque participant.e ou groupe peut choisir un style différent (notamment dans le cas de la vidéo, où le documentaire, la fiction et l’animation ont été utilisés) et se concentrer sur un aspect particulièrement pertinent pour son contexte. Un thème commun est le manque de communication, en particulier entre les hommes et les femmes. Les MGF sont présentées comme un sujet difficile, une conversation inconfortable à avoir, encore plus au sein de la famille ou du couple.

Plusieurs produits issus des formations ont reçu une reconnaissance importante voire des prix, notamment le documentaire radio Arrêter l’excision: tous pour toutes de Céline Elola qui a remporté le prix panafricain Efua Dorkenoo pour le reportage sur les mutilations génitales féminines en 2015 et le film Against All Odds, de Charity Resian Nempaso et Andrea Iannetta, qui a obtenu le prix du meilleur court-métrage documentaire au Fespaco, l’un des plus importants festivals de cinéma en Afrique, en 2019.

Plus d’informations sur les formations de production radio d’AIDOS :       

• Le film “Abandoning FGM on FM“
• La Video sur la méthodologie de formation d’AIDOS

Visionnez les vidéos produits par les participant.e.s de la formationde 2017:

• De retour au pays
• One Voice

Une compilation des vidéos produites par les stagiaires d’AIDOS est également disponible
sur la chaîne Youtube d’AIDOS.

Comment parler des MGF dans les émissions radio et les vidéos ?

Les participant.e.s sont encouragé.e.s à raconter des histoires positives, en contribuant à l’évolution du récit sur les MGF en fournissant des exemples de changement social et de femmes et d’hommes qui s’engagent et s’unissent pour promouvoir l’abandon de la pratique. Elles et ils sont également invité.e.s à utiliser leur propre point de vue, à mettre en lumière les aspects méconnus du phénomène et à présenter les femmes comme des actrices du changement plutôt que comme des victimes.

Les formations intègrent des éléments importants de choses à faire ou à ne pas faire lorsqu’on communique sur les MGF, énoncés dans la brochure “Comment parler des MGF” produite par le réseau européen End FGM, tels que : utiliser un langage non stigmatisant qui donne le pouvoir aux personnes concernées, ne pas utiliser d’images qui pourraient choquer les spectateurs.trices et retraumatiser les survivantes, reconnaître les MGF comme une forme de violence basée sur le genre et l’abandon des MGF comme une question féministe, laisser les survivantes s’approprier leur récit.

Plusieurs langues sont utilisées tant pour les produits radio que vidéo, y compris les langues locales, afin de favoriser la diffusion. De plus, les produits sont souvent  doublés ou sous-titrés. Les transmissions publiques sur les radios locales permettent d’atteindre les zones reculées et rurales où les autres médias sont souvent absents et où la radio reste l’outil de communication le plus puissant. En outre, les podcasts et les vidéos publiés en ligne permettent aux enregistrements d’atteindre les communautés migrantes. Les vidéos sont utilisées à la fois pour des activités de sensibilisation en Afrique et pour le plaidoyer et la formation des professionnel.le.s qui rencontrent des survivantes de MGF en Europe.