Introduction
La communauté internationale a souligné l’importance d’une approche multisectorielle pour lutter contre les mutilations génitales féminines (MGF). Les mutilations génitales féminines/excision (MGF/E) sont un problème de santé mondial. Plus de 200 millions de filles et de femmes dans 30 pays d’Afrique, d’Asie et du Moyen-Orient ont subi cette pratique, et plus de 3,6 millions de filles sont chaque année à risque. L’impact des MGF se propage davantage par la migration vers d’autres parties du monde, notamment l’Europe, les États-Unis, l’Australie et le Canada. Des politiques sont donc nécessaires pour résoudre ce problème, tant dans les pays d’origine que dans les pays de migration.
Les MGF englobent toutes les procédures qui impliquent l’ablation partielle ou totale des organes génitaux externes ou d’autres lésions des organes génitaux féminins pour des raisons non médicales, et sont le plus souvent pratiquées sur des mineures. Le type IV comprend toutes les autres interventions nocives sur les organes génitaux féminins à des fins non médicales, par exemple piquer, percer, inciser, gratter et cautériser.
Méthodes
Une approche de méthodes mixtes a été utilisée pour cartographier l’implication du secteur de la santé dans la gestion des MGF à la fois dans les pays où les MGF sont une pratique traditionnelle et dans les pays où les MGF/E sont pratiquées principalement par les populations migrantes.
Les données ont été collectées en 2016 à l’aide d’un questionnaire testé dans 30 pays (11 pays d’origine et 19 pays de migration). Les éléments clés identifiés étaient : la formation des professionnels de la santé (PS), impliquant les PS dans le travail de prévention, les réglementations légales sur les devoirs des PS d’éviter et de signaler ainsi que de pratiquer les MGF, et la disponibilité des services de santé.
Ces éléments ont été regroupés en trois catégories : 1) formation et devoirs des professionnels de santé, 2) pratique des MGF par les professionnels de santé, et 3) disponibilité des services de santé. Onze répondants représentant 11 pays d’origine ont retourné des questionnaires remplis. Des pièces justificatives n’ont été fournies que pour deux pays (l’Iran et la Gambie).
Résultats
Au total, 24 pays avaient une politique sur les MGF, parmi lesquels des organes de coordination avaient été désignés et avaient partiellement ou totalement mis en œuvre les plans. La formation systématique des prestataires de soins de santé était plus répandue dans les pays d’origine, tandis que l’implication des PS dans la prévention des MGF était plus répandue dans les pays de migration.
Les politiques nationales de santé et leur mise en œuvre : 24 pays sur 30 avaient une politique sur les MGF sous la forme d’un plan d’action national ou de directives nationales ou professionnelles. Ces politiques ont été entièrement ou partiellement mises en œuvre dans 20 pays et non mises en œuvre dans quatre (Gambie, Somaliland, Espagne et Suède).
Discussion
Les politiques nationales sur les MGF peuvent signifier un engagement gouvernemental envers la prévention et la prestation de soins aux personnes à risque de MGF et à celles qui ont été soumises à des MGF, et pourraient être déclenchées par la ratification de certains documents politiques juridiquement contraignants, comme le Protocole de Maputo ou la Convention d’Istanbul.
En particulier, fournir une plate-forme et une structure pour un travail à long terme et systématique sur les MGF permettant à différents secteurs de collaborer efficacement. Pour permettre le suivi et l’évaluation, ainsi que la responsabilisation, la répartition des responsabilités, les cibles et les indicateurs de résultats doivent être clairement indiqués.
Des efforts considérables ont été déployés pour s’assurer que les pays d’origine et les pays de migration disposent de telles politiques. Vingt-quatre des pays participants à cette étude ont déclaré avoir une politique nationale sur les MGF, dont 19 pays avaient une répartition claire des responsabilités (Regardez le tableau ci-dessous en anglais)
13 pays n’ont pas alloué de fonds pour leurs plans et seuls quelques-uns ont mis en place des systèmes de suivi et d’évaluation. L’étendue de la participation du secteur de la santé à ces plans variait considérablement d’un pays à l’autre.
Conclusion
Les conclusions de l’étude des auteurs indiquent que des progrès substantiels ont été réalisés dans la participation du secteur de la santé à la fois au traitement et à la prévention des MGF. Il est nécessaire que les pays d’origine et les pays de migration intègrent des systèmes de suivi et d’évaluation dans leurs plans d’action.
Les auteurs ont identifié cinq domaines d’amélioration de l’implication du secteur de la santé dans la gestion des MGF: Premièrement, il est nécessaire de renforcer la formation systématique des professionnels de la santé, en particulier dans les pays de migration. Deuxièmement, le rôle du PS dans la prévention et le signalement des MGF n’est pas clair et incohérent. Il existe donc un besoin d’études permettant d’évaluer et de comparer les différentes pratiques dans différents pays. Il s’agit également d’un dilemme éthique que les professionnels de la santé ont le devoir d’éviter et de signaler dans 19 et 16 pays respectivement, mais ont le devoir de fournir une éducation sanitaire pertinente dans seulement huit de ces pays dont aucun n’est un pays d’origine. Troisièmement, il est nécessaire de mettre davantage l’accent sur le rôle des professionnels de la santé dans la fourniture d’une éducation sanitaire partout, mais principalement dans les pays d’origine. En outre, la fourniture de services de conseil psychologique et sexuel compétents en matière de MGF fait défaut dans 82 % des pays d’origine et 42 % des pays de migration, et devrait être une priorité. Enfin, des routines et des directives doivent être mises en place pour garantir la disponibilité des codes MGF, en particulier dans les pays d’origine, et leur utilisation systématique dans les dossiers médicaux de tous les pays.