Les MGF sont souvent associées à la pureté sexuelle des femmes : contrôle de leur désir sexuel, virginité avant le mariage et fidélité par la suite. Or, la pureté étant hautement valorisée dans les textes et idéologies religieuses (chez les chrétien.ne.s comme chez les musulman.e.s notamment), les MGF sont perçues comme une manière de se conformer aux exigences religieuses de moralité et de chasteté. (Lethome Asmani I, Sheikh Abdi M., 2008)
De la même façon, le mariage trouve une place importante dans les doctrines des religions monothéistes. Puisque les MGF sont liées à l’idée de l’éligibilité au mariage d’une fille ou d’une femme, elles apparaissent une nouvelle fois comme une manière de respecter le chemin tracé par les normes religieuses.
Concernant le lien établi entre les MGF et l’Islam, l’utilisation du terme islamique “sunna” pour désigner la pratique renforçait la mauvaise interprétation des MGF comme pratique recommandée par l’islam (Lethome Asmani I, Sheikh Abdi M., 2008) . De même, le terme “khitaan” (“circoncision” en arabe), peut être compris par certains comme désignant la circoncision masculine et féminine, alors que d’autres estiment au contraire que “khitaan” ne couvre que l’opération masculine. Enfin, les MGF sont également associées à tort à l’idée de “propreté”, permettant de pratiquer la tohara (rituel d’ablutions permettant la prière) (Lethome Asmani I, Sheikh Abdi M., 2008).
Selon Abdelwahab Bouhdiba, si les MGF peuvent être vécues comme une pratique religieuse, c’est aussi surtout parce qu’elles participent à la création d’une identité musulmane collective, bien plus qu’individuelle (Hayford S, Trinitapoli J, 2011). Autrement dit, la pratique est un signe d’appartenance à une communauté et permet d’en renforcer la cohésion. Les significations collectives l’emportent ici sur l’aspect sacré, qui n’est ainsi que secondaire. (Bouhdiba A., 1975)
En Guinée par exemple, 64% des femmes estiment que le premier « intérêt » des MGF est l’acceptation sociale, tandis qu’elles ne sont que 32% à mettre au premier plan le respect d’une obligation religieuse (UNICEF, 2013).
“L’excision (…) est davantage une pratique des musulmans qu’une pratique de l’islam” Abdelwahab Bouhdiba (Bouhdiba A., 1975)