Les membres ont grandement débattu la question de la chirurgie génitale plastique à laquelle les femmes adultes peuvent librement avoir recours et qui se popularise en Europe et Amérique du Nord. Là où certain.e.s l’envisagent sous un jour tout à fait différent des mutilations génitales féminines, d’autres font valoir que la pression sociale et la volonté de se conformer à des normes sociales de beauté affectent le consentement libre et éclairé des femmes y recourant.
Au Burkina Faso, le Professeur Charlemagne Marie R Ouedraogo avance que:
« les MGF médicalisées n’ont rien à voir avec la chirurgie intime. Les adultes font la démarche médicale pour une réduction des petites lèvres hypertrophiques, et nous le faisons en chirurgie gynécologique. Il en est de même pour les réductions des hypertrophies clitoridiennes. Ceci n’a rien à voir avec les MGF dans le contexte Burkinabé. »
« Tout adulte consentant peut faire ce qu’il souhaite de son corps, tel la chirurgie plastique ou tout autre forme de chirurgie transformatrice ou pricking ou piercing, etc. »
Ainsi, d’un côté la chirurgie plastique génitale ou d’autres pratiques de modifications génitales féminines sont considérées comme un choix personnel concomitant à la libre disposition de son corps. D’un autre côté, à l’inverse, elles sont perçues comme le fruit de la pression sociale pesant notamment sur le corps des femmes et de la volonté de se conformer.
« Au GAMS Belgique, nous avons ouvert le débat en équipe sur d’autres formes de pratiques qui touchent aussi les organes génitaux externes de la femme et qui pourraient être considérées comme un normes sociales imposées au corps des femmes.
La « mode » actuelle de réduction des petites lèvres en fait partie. Nous voyons en Belgique des jeunes filles de moins de 18 ans ou juste 18 ans ayant à peine découvert toutes les facettes de leur sexualité qui demandent une chirurgie plastique pour correspondre à un critère de « beauté », sans qu’il y ait une hypertrophie avérée (avec le risque de complications qui n’est jamais de 0% lors d’une chirurgie). Est-ce qu’une séance avec une sexologue qui pourrait la rassurer ne serait pas plus éthique que d’aller vers la chirurgie en première intention ?
Avoir une approche plus holistique sur tout ce qui est imposé au corps des femmes dans toutes les sociétés permet aussi d’équilibrer les débats et de ne pas voir le monde en noir et blanc. Que ce soit en Europe ou en Afrique, les femmes subissent encore aujourd’hui une pression sociale pour correspondre au rôle attendu par la société…et cela se traduit en premier par le contrôle de leur corps. » (Fabienne Richard)
Il convient de préciser que les contextes nationaux sont aussi différents. Les débats sur la chirurgie génitale esthétique ont davantage de sens et de pertinence en Europe et en Amérique du Nord qu’au Burkina Faso où les demandes sont de nature différente.
« Au Burkina Faso nous n’avons pas affaire aux demandes de réduction esthétique (…). Du reste notre combat est pour protéger la jeune fille mineure qui ne s’assume pas. Il ne s’agit pas d’aller contre la volonté des personnes adultes de faire de leur corps ce qu’elles veulent. C’est mineur et ça ne mérite pas qu’on s’acharne dessus au regard des priorités à gérer au Burkina Faso. » (Charlemagne Marie R Ouedraogo)
Dans la continuité du débat a été rapporté le cas d’une pratique mal connue et qualifiée ayant eu cours au Sénégal, l’enlèvement des southieutes ou condylomes.
« Il existe un phénomène traditionnel qui se passe au Sénégal qui est néfaste aux yeux des praticiens de santé et qui est considéré par certains comme une sorte de MGF. Il s’agit d’un phénomène qui consiste à couper quelque chose dans le vagin de la femme pour faciliter la pénétration lors de la nuit de noce. La personne à qui on coupe cette chose, appelée condylome par certains, est certes majeure mais elle est contrainte par les normes sociales qui l’oblige à subir cette épreuve. » (Fatou Kebe)
La pratique répond à des mythes et attentes sociales sous couvert de nécessité médicale, les condylomes étant effectivement une pathologie traitée médicalement chez les femmes sexuellement actives atteinte du papillomavirus mais ne peuvent pas concerner les filles, vierges, sur lesquelles ils sont supposément retirés.
Témoignage du Dr. Hashim Hounkpatin:
« Cette pratique est surement réalisée sur des femmes ”vierges” chez qui on suppose que la ”première fois serait difficile ou impossible. Et vu que c’est la nuit de noces, il faut forcément que le mariage soit consommé.
Par souci de clarté de terminologie, le condylome désigne en médecine une masse qui apparaît sur les organes génitaux due à un virus et transmise lors des rapports sexuels. Est-ce que ce sont vraiment des condylomes qui sont coupés ou l’hymen ou autre chose ?
Voici un texte que j’ai pu trouver sur Facebook sur le sujet :
”Les condylomes ou sothieutes
Il est assez fréquent, dans nos pays, que l’on dise à certaines jeunes filles vierges qu’elles ont des sothieutes et que cela leur empêche de consommer leur mariage.
Sur le plan médical, ce type de sothieute n’est pas reconnu. Certes les sothieutes existent mais ils sont différents.
Les sothieutes sont appelés condylomes génitaux ou encore verrues génitales, ce sont lésions ressemblant à des crêtes de coq et siégeant au niveau des organes génitaux et de l’anus. Il peut y en avoir en si grande quantité qu’ils peuvent rendre l’accouchement par voir basse dangereux pour le bébé.
Ils sont dus à un virus appelé HPV (Humain Papilloma Virus) dont il existe plusieurs dizaines de types.
Ces condylomes sont sexuellement transmissibles et donc ne sont retrouvés que chez les femmes et les hommes ayant eu des rapports sexuels non protégés.
Les condylomes décrits par les tradipraticiens pour expliquer des difficultés de pénétrations ne sont pas reconnus par la médecine.
Dans la quasi totalité des cas, ces difficultés de pénétration sont dues au stress de la femme et au manque de douceur du mari, ce qui crée chez son épouse un vaginisme: contraction invincible des muscles du vagin rendant la pénétration difficile voire impossible.
Le traitement recommandé dans cette situation est de la douceur et des préliminaires pour relâcher la femme et la lubrifier. On pourra s’aider de gels intimes et de suppositoires antidouleur.
Ces condylomes décrits par les tradipraticiens sont l’occasion juste d’aller “couper” quelque chose et donc de faire une excision. Ce traitement traditionnel et fortement déconseillé!
Les vrais condylomes, répétons-le, sont des infections et sont traités par cautérisation à l’azote par les dermatologues habituellement.
Il est à préciser que cet HPV notamment le type 16 et 18 est à l’origine de lésions précancéreuses qui, si elles ne sont pas traitées, peuvent aboutir au cancer du col de l’utérus.”