Les dernières nouvelles sur les conséquences de la COVID-19 sur les droits des femmes et des enfants ne sont pas très optimistes. Les mesures de confinement, les épreuves économiques, la fermeture des écoles ont placé les femmes, enfants et surtout les filles plus à risque de connaître des situations de violence, de mariage forcé précoce, de travail des enfants et menacent leur scolarisation. Une revue de presse à partir d’articles et rapports répertoriés dans la Newsletter du FNUPA permet de mieux qualifier et détailler la situation et enjeux actuels.
L’ONU Femmes analyse l’ “impact de la COVID-19 sur les violences faites aux femmes et aux filles et la provision de services” (accessible ici en anglais). Y est mentionné le manque de données, difficiles à collecter, et souvent fournissant des sous-estimations eu égard aux difficultés de report des femmes, ne demandant pas d’aide ou étant trop isolées pour le faire. Il n’en demeure pas moins qu’une hausse générale d’appels vers les lignes d’urgences a été relevée mondialement ainsi que dans le report de cas de violences dans les centres d’aide de nombreux pays. Beaucoup de services prenant en charge les femmes et filles victimes de violence et dédiés à la santé sexuelle et reproductive travaillant, au moins partiellement, à distance, les femmes n’y ont plus qu’un accès restreint et peinent aussi parfois à obtenir les informations nécessaires. Elles se retrouvent alors plus à risque de rester sans protection ni soins adaptés. Les services eux-mêmes souffrent d’un manque de ressources – financières comme humaines – à mesure qu’elles sont redirigées pour gérer la pandémie et voient donc leur fonctionnement et continuité entravés.
Pour en apprendre plus, trois autres rapports (en anglais) sur le sujet :
- UN Women, IDLO, UNDP, UNODC, World Bank and The Pathfinders. “Justice for Women Amidst COVID-19.” New York, 2020. Access here (summary here)
- CARE International, Rapid Gender Analysis – COVID-19 : West Africa – April 2020, May 20, 2020. Access here
- Julia Hussein (2020): COVID-19: What implications for sexual and reproductive health and rights globally?, Sexual and Reproductive Health Matters. Access here
Le 18 mai 2020, Plan International attire l’attention sur la hausse des MGF et mariages précoces en Somalie. Selon Sadia Allin, chef de mission à Plan International Somalie, “le confinement est vu comme une opportunité pour pratiquer la procédure à la maison en offrant davantage de temps pour récupérer”. De plus, avec l’aggravation des difficultés économiques, les exciseur.se.s cherchent plus activement des familles souhaitant faire exciser leurs filles “et font du porte-à-porte pour exciser les filles.” (Sadia Allin)
L’information a été partagée par plusieurs journaux, pour en savoir plus voici quelques articles :
- Isabelle Mourgere, « Confinement et après COVID-19 : le risque d’excision en hausse, les associations donnent l’alerte », TV5 Monde, 04 juin 2020. Accessible ici
- Clément Arbrun, « En Somalie, les excisions sur les fillettes ont augmenté pendant le confinement », Terra Femina, 22 mai 2020
- The original statement by Plan International here
- Emma Batha, Somalia sees “massive” rise in FGM during lockdown, Brinkwire, May 30, 2020. Access here
- Farzana Hassan, HASSAN: COVID-19 brings FGM increase to Africa, The Toronto Sun, May 21, 2020. Access here
- Lerato Mogoatlhe, COVID-19 Lockdowns in Somalia Are Putting More Girls in Danger of Child Marriage and FGM, in Global Citizen, May 27, 2020. Access here
- Danielle Wallace, Somalia sees ‘massive’ uptick in female genital mutilation during coronavirus lockdown, Fox News, May 20, 2020. Access here
Dans The Guardian, Harriet Grant dresse les grandes lignes de la situation en Tanzanie et au Sahel où la fermeture des écoles réduit la protection des filles face aux MGF et mariage. Tout d’abord, elle menace les efforts et progrès réalisés ces dernières années pour améliorer la scolarisation des filles. En effet, nombre d’entre elles rencontrent des difficultés pour poursuivre à distance leur scolarité et risquent de ne jamais retourner à l’école. En Tanzanie, les écoles constituaient des espaces protecteurs et sûrs pour les filles. Selon Terre des Hommes, avec leur fermeture, beaucoup de filles protégées durant la saison de l’excision ont finalement été excisées durant le confinement. Les familles ne craignent pas les condamnations : “Nous avons rencontré une mère emprisonnée un an après avoir pratiqué une MGF mais elle était satisfaite. Elle est enfermée mais sa fille est excisée.” Par ailleurs, dans la région du Sahel, où le mariage précoce est fréquent, l’école secondaire permet de retarder la pratique mais n’est maintenant plus capable de protéger les filles à risque. Enfin, Eric Hazard de Save the Children Afrique a alerté sur le risque actuel de grossesses indésirées, violences et abus sexuels de jeunes filles comme cela a pu être observé durant l’épidémie d’Ebola.
- UNFPA, “Millions more cases of violence, child marriage, female genital mutilation, unintended pregnancy expected due to the COVID-19 pandemic”, April 28, 2020. Access here
- Harriet Grant, Many girls have been cut’: how global school closures left children at risk, The Guardian, June 01, 2020. Access here
- Sabdio Darso, What is the effect of COVID-19 on girls’ education?, for Mercy Corps, May 20, 2020. Access here
- Farzana Hassan, HASSAN: COVID-19 brings FGM increase to Africa, The Toronto Sun, May 21, 2020. Access here
- Time Hum, Desperate Families in Yemen Are Resorting to Child Marriage and Labor as Coronavirus Spreads, Vice, May 26, 2020. Access here
- Lerato Mogoatlhe, ‘4 Critical Humanitarian Issues That African Countries Should Not Forget as They Fight COVID-19’, in Global Citizen, May 20, 2020. Access here
- Leah Rodriguez, COVID-19 Puts Girls at Risk of Unplanned Pregnancies, Violence, and Missing Out on School: Report, in Global Citizen, May 19, 2020. Access here
- Emma Smith, Many girls won’t go back to school when lockdown is over, Devex, May 27, 2020. Access here
- Hanna Summers, UK behind Yemen and Sudan in global index of children’s rights, report finds, The Guardian, May 26, 2020. Access here
- Sadhika Tiwari, Ongoing Crisis May Push Adolescent Girls Into Early Marriage Or Work, IndiaSpend, June 1, 2020. Access here
Selon le FNUPA, le nombre de filles excisées cette année devrait être supérieur à 2 millions par rapport aux prévisions habituels en raison de la pandémie et des mesures de confinement. Les mariages d’enfants augmenteraient également jusqu’à atteindre 13 millions de plus que prévu en 2030.
Pour en apprendre davantage sur les conséquences de la fermeture des écoles sur les mariage et grossesses précoces, les MGF et la scolarisation des filles :
Enfin, des solutions et recommandations ont été avancées de la part d’organisations et membres de la société civile, d’ONG et d’institutions internationales. Girls not Brides a notamment écrit une lettre ouverte à l’Union Africaine avec des recommandations destinées à atténuer les effets de la COVID-19 sur l’éducation des filles et leurs vulnérabilités. La 5e enjoint par exemple à assurer un accès pour tou.te.s à une éducation sexuelle adaptée et aux services de santé sexuelle et reproductive afin de diminuer les risques de violences basées sur le genre. La 6e encourage à “former les éducateur.rice.s à reconnaître et prévenir la violence” et le 8e à encourager les filles à retourner à l’école en supprimant les obstacles entravant leur accès.
Ressources utiles sur le sujet :
- Girls not Brides, “Joint letter to the African Union: the impact of Covid-19 on girls’ education and child marriage”, April 30, 2020 (letter sent on April 20, 2020 & co-signed by five organisations). Access here
- UN Women, IDLO, UNDP, UNODC, World Bank and The Pathfinders. “Justice for Women Amidst COVID-19.” New York, 2020. Access here (summary here)
- UN Women East and Southern Africa, “COVID-19: ending violence against women and girls – key priorities and interventions for effective response and recovery (Policy Brief)”, May 20, 2020. Access here
- UN Women, Ending Violence Against Women Briefs. Access here
Pour conclure, les nouveaux enjeux ou les existants accentués par la COVID-19 placent les femmes et les filles davantage à risque de connaître des violations de leurs droits, de la violence et de voir leurs opportunités réduites. Les mesures de distanciation sociale et réduction de mouvement enjoignent les ONG, OSC, services sociaux et de santé, Etats et institutions internationales à améliorer leur coordination et à apprendre de leurs travaux respectifs. Des solutions innovantes sont mises en place, de nouveaux moyens de communication sont développés et les contacts entre acteurs autour du globe sont renforcés. Il est essentiel de poursuivre en ce sens pour répondre au mieux et au plus vite aux besoins des filles et femmes et continuer à les protéger.