Selon les membres, l’implication des leaders religieux est fondamentale, notamment à travers l’élaboration de fatwa. Celle-ci permettrait de sensibiliser les communautés sur le fait qu’une pratique qui porte atteinte à la santé des filles et des femmes (et qui n’est pas obligatoire dans le Coran) ne doit pas être pratiquée. Pour les impliquer, l’enjeu n’est pas celui de la véracité ou non des hadiths, mais davantage comment faire admettre une autre “vérité” religieuse à des leaders d’opinion qui estiment avoir raison de promouvoir la pratique ?
Un tandem médecin/religieux serait intéressant à mettre en place (au Mali les autorités religieuses ont fait appel à des médecins). Le principal obstacle est posé par le fait que “ceux qui défendent la pratique ont réponse à tout”.
- Dans le milieu religieux : mise en avant de la médicalisation pour lutter contre les conséquences sur la santé
- Dans le milieu médical : résistance des médecins à mettre en avant les conséquences sur la santé de la pratique en Mauritanie
Il faut faire attention aux termes utilisés lors des sensibilisations : confusion entre les termes arabe de circoncision masculine et excision féminine.
Lors des actions de sensibilisation, il vaut mieux utiliser un autre terme que celui de “Sunna”, car plus nous l’appelons “sunna”, plus nous le légitimons en tant que pratique Islamique. Les termes “fircooni” (pharaonique) et “fiid-jar” (couper le capuchon = “sunna”) sont par exemple plus appropriés.
Mettre l’accent sur le fait que les MGF peuvent porter atteinte à la santé des femmes, voire à leur vie, donc il est crucial de cesser la pratique.
Un.e membre a expliqué qu’un frein à l’atteinte de résultats probants est “le fait que dans les sociétés musulmanes où sévit cette pratique, les MGF sont une affaire de femmes”, et elles ne prennent pas part à la prière du vendredi où des paroles contre les MGF peuvent être diffusées, donc elles ne bénéficient pas de ces messages par rapport à la position de l’Islam face aux MGF.
De plus, il faut toujours garder à l’esprit que la cause fondamentale des MGF est l’inégalité entre les femmes et les hommes. Il est donc nécessaire de transformer les attitudes par “l’adoption d’une approche holistique qui englobe tous les acteurs” (religieux, personnels de santé, décideur.se.s, sociologues, psychologues, leaders d’opinion, groupes de femmes, comités de veille…) et un mécanisme fluide de coordination pour un meilleur suivi.
Par ailleurs, il est important de renforcer la société civile en dehors de la religion en encourageant la liberté de pensée et de débat, afin de faire comprendre aux gens que la religion peut être débattue.
Enfin, un membre a souligné l’importance de relativiser ce débat. En effet, dire que les MGF ne sont pas religieuses implique que si elles étaient religieuses, elles seraient alors moralement et légalement autorisées (Earp B.D., Hendry J., Thomson M., 2017). Au lieu de cela, nous devons faire valoir que même si couper les organes génitaux d’un enfant était une pratique explicitement religieuse, cela ne la rendrait pas moralement ou légalement admissible.