ANALYSE DU RAPPORT UNICEF 2024: Progrès concernant les MGF & Considérations géopolitiques et climatiques

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Progrès concernant les MGF

Malgré l’augmentation du nombre de femmes et de filles touchées par les mutilations génitales féminines (MGF) dans le monde, certains pays enregistrent des progrès. Le rapport met en évidence que dans de nombreux pays, les communautés s’orientent vers l’abandon de cette pratique, bien que cela prenne des décennies. Dans d’autres pays, les niveaux de prévalence stagnent. Cependant, là où des déclins sont observés, le rythme s’est considérablement accéléré ces dernières années : la moitié des progrès réalisés au cours des 30 dernières années ont eu lieu au cours de la dernière décennie. En Afrique et au Moyen-Orient, un total de 400 millions de personnes – soit deux tiers de la population des pays concernés par les MGF – ont exprimé leur souhait de voir la pratique disparaître. Comme le montrent les graphiques ci-dessous, certains pays ont réalisé des progrès significatifs, d’autres des progrès modérés, tandis qu’un dernier groupe montre peu ou pas de progrès. Des avancées importantes ont été constatées dans des pays comme la Sierra Leone, le Burkina Faso, le Libéria et l’Égypte.

Rapport UNICEF, (2024).

 

À l’inverse, des pays comme la Somalie, le Mali, le Sénégal, la Guinée-Bissau et la Gambie rencontrent encore des difficultés et enregistrent des progrès plus lents, comme l’illustre le graphique suivant.

Rapport UNICEF, (2024).

 

La campagne mondiale pour l’abandon des mutilations génitales féminines (MGF) a connu des avancées significatives dans des pays comme la Sierra Leone, grâce à une combinaison d’éducation, d’autonomisation communautaire et de réformes politiques. Ariefa Bockarie Kumara, fondateur et directeur général de la Her Future Foundation, souligne des facteurs clés à l’origine de ces progrès. L’éducation et la sensibilisation sont au premier plan, avec des programmes ciblés garantissant que les filles restent à l’école et soient protégées contre les pratiques néfastes. Des négociations entre les parents et les parties prenantes ont facilité l’accès à une éducation gratuite et offert des secondes chances aux élèves ayant abandonné l’école. Pour celles et ceux qui ne poursuivent pas d’études supplémentaires, l’autonomisation économique à travers des activités agricoles, telles que la culture d’arachides et de riz, a permis de garantir des moyens de subsistance durables. Ces initiatives favorisent non seulement l’indépendance financière, mais réduisent également la dépendance aux pratiques nuisibles comme les MGF et les mariages précoces.

Les projets durables de lutte contre les MGF ont joué un rôle crucial pour garantir que les progrès se maintiennent dans la durée. En créant des environnements sûrs et solidaires, les communautés ont établi des espaces où les filles peuvent se réunir régulièrement pour discuter des défis et chercher du soutien. En cas de problème, elles peuvent se tourner vers les services juridiques, les organisations de la société civile ou d’autres entités pour obtenir de l’aide. À l’échelle locale, des discussions de groupe ciblées et des entretiens avec des informateur·trices clés se sont révélés essentiels pour promouvoir la prise en charge communautaire de la lutte contre les MGF. Ces échanges permettent aux communautés de remettre en question les normes traditionnelles et de travailler collectivement vers leur abandon. Par ailleurs, le renforcement des capacités des organisations locales par le biais de formations a consolidé leur aptitude à mener ces efforts de manière efficace.

Sur le plan politique, des réformes inclusives se sont avérées cruciales. Des politiques amendées avec la participation active des communautés renforcent leur appropriation, ce qui améliore leur acceptation et leur impact.

Malgré ces avancées, plusieurs défis subsistent. Le manque de ressources reste un obstacle majeur, avec un financement insuffisant pour soutenir les formations, le plaidoyer en faveur des droits liés aux genres et les visites dans les communautés reculées. Les coûts de transport limitent encore la capacité à atteindre les zones rurales où les MGF sont les plus enracinées. L’absence de foyers sécurisés pour les filles en situation d’urgence est une autre lacune critique, laissant peu d’options pour celles qui sont en danger. La volonté politique est également sapée par des conflits d’intérêts, certain·es responsables politiques soutenant les MGF pour obtenir des voix ou restant silencieux·ses pour ne pas aliéner certain·es électeur·rices.

Les réflexions d’Ariefa mettent en lumière à la fois les progrès réalisés et les obstacles qui demeurent. Tandis que l’éducation, l’engagement communautaire et les projets durables continuent de porter leurs fruits, il est crucial de combler les lacunes en matière de ressources, de créer des espaces sûrs et de favoriser un engagement politique uni pour garantir l’abandon complet des MGF en Sierra Leone et au-delà.

 

Considérations géopolitiques et climatiques comme facteurs influençant la prévalence des MGF

D’autres facteurs primaires, comme les questions géopolitiques et climatiques, jouent également un rôle majeur dans l’entrave à l’éradication des MGF, en particulier dans les zones de conflit.

Le rapport explore comment ces conditions géopolitiques et climatiques affectent les efforts visant à éliminer les MGF. Les conflits et la pauvreté sont deux facteurs majeurs qui compliquent ces efforts, notamment dans des pays comme la Somalie et le Soudan. Ces problèmes détournent les ressources et perturbent les programmes visant à promouvoir l’égalité de genre. Les chocs climatiques, les épidémies et l’insécurité alimentaire en Éthiopie posent d’autres obstacles au maintien d’une prestation de programmes cohérente. Dans les pays vulnérables, 4 filles sur 10 sont à risque de MGF, soulignant l’urgence d’agir face aux taux alarmants et à l’augmentation globale des mutilations génitales féminines. Ces circonstances créent des défis uniques, rendant plus complexes les efforts visant à répondre aux besoins des filles ayant subi des MGF et à mettre en œuvre des programmes et des politiques efficaces pour combattre la pratique.

La section suivante illustre le nombre de filles âgées de 15 à 49 ans ayant subi des MGF dans de telles situations de fragilité.

Références
  • UNICEF (2024). Global Report on Female Genital Mutilation: New Data and Progress Analysis. UNICEF. Availabe here