ANALYSE DU RAPPORT UNICEF 2024 : Situation Mondiale des MGF

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Situation mondiale des MGF

Le rapport UNICEF 2024 révèle des tendances alarmantes concernant la prévalence mondiale des mutilations génitales féminines (MGF). En 2024, plus de 230 millions de filles et de femmes ont subi des MGF, soit une augmentation de 15 % depuis 2016. Cette hausse de 30 millions de cas supplémentaires met en lumière la persistance de cette pratique néfaste malgré les efforts mondiaux pour l’éliminer. Le rapport souligne que le rythme actuel de diminution des MGF est insuffisant pour atteindre l’objectif de développement durable (ODD) des Nations Unies visant à éliminer les MGF d’ici 2030. Pour atteindre cet objectif, le taux de diminution doit être multiplié par 27, ce qui met en évidence un écart important entre les efforts actuels et les actions nécessaires.

En réponse à l’augmentation observée depuis 2016, Dr. Wisal Ahmed, coordinatrice mondiale du Programme conjoint MGF de l’UNFPA, propose plusieurs actions clés pour accélérer la diminution des MGF :

1. Étendre et intensifier les programmes existants en intégrant les interventions liées aux MGF dans des programmes et secteurs plus larges, notamment ceux ayant une couverture étendue. Cela inclut la formation de nouveaux partenariats, en particulier avec le secteur privé.

2. Identifier et intensifier les interventions qui produisent des résultats rapides.

3. Engager systématiquement divers acteur.rices, renforcer la coordination et promouvoir la mobilisation à plusieurs niveaux.

 

Prévalence régionale

Selon les statistiques rapportées par l’UNICEF (2024), on estime que 144 millions des cas de MGF sont recensés dans les pays africains, 80 millions en Asie et 6 millions au Moyen-Orient. Ces chiffres montrent que les MGF ont un impact disproportionné dans ces régions. Cette disparité régionale reflète les normes culturelles et sociétales profondément enracinées qui perpétuent les MGF dans certaines zones, malgré les condamnations internationales et les interdictions légales.

Le graphique ci-dessous illustre le nombre de filles et de femmes ayant subi des MGF en Afrique, en Asie et au Moyen-Orient.

UNICEF, (2024).
 

Le Dr Wisal souligne que ces normes sociales varient non seulement d’un pays à l’autre, mais aussi au sein des régions, des communautés et même des ménages. Par conséquent, les interventions doivent être adaptées à des contextes culturels spécifiques. Elle met en avant l’importance de mener des dialogues communautaires avec les parents, les leaders religieux et les professionnel.les de santé, ainsi que des campagnes médiatiques et de marketing social visant à transformer les normes et les attitudes en faveur de l’abandon des MGF.

 

Statistiques spécifiques par pays

UNICEF, (2024).
 

Le graphique ci-dessus illustre le pourcentage de filles et de femmes âgées de 15 à 49 ans ayant subi des mutilations génitales féminines dans différents pays. Cette pratique est profondément enracinée dans certains pays comme la Somalie, la Guinée et Djibouti, où presque toutes les femmes et filles de ce groupe d’âge ont subi la pratique. La Somalie affiche la prévalence la plus élevée, avec un taux écrasant de 99 %, suivie de près par la Guinée (96 %) et Djibouti (90 %). À l’opposé, des pays comme l’Ouganda, le Cameroun et le Niger enregistrent les taux de prévalence les plus faibles. En Ouganda, seulement 0,3 % des femmes et des filles sont concernées, contre 1 % au Cameroun et 2 % au Niger. Cela montre que les MGF ne sont pas largement pratiquées dans ces pays, mais restent concentrées dans des communautés spécifiques. Ces chiffres révèlent que la pratique n’est pas profondément enracinée dans l’ensemble de la population, mais limitée à certains groupes et communautés.

 

Évolution des MGF

L’abaissement de l’âge auquel les mutilations génitales féminines sont pratiquées pose de nouveaux défis aux stratégies actuelles de prévention. Selon le Dr Wisal, les interventions visant à modifier les normes sociales restent pertinentes, mais de nouvelles approches doivent cibler les filles et les femmes durant la grossesse, le post-partum et la petite enfance grâce à des programmes de soins prénatals et de vaccination. Ces programmes à large couverture offrent des opportunités pour influencer les décisions et surveiller les tendances des pratiques de MGF à des âges plus jeunes.

 

Facteurs culturels, économiques et politiques

Compte tenu des variations significatives de la prévalence des MGF entre les pays, le Dr Wisal souligne l’importance de comprendre les facteurs culturels, économiques et politiques qui influencent ces différences. Par exemple, les MGF peuvent être motivées par des croyances liées à la préparation des filles à l’âge adulte, au maintien de l’honneur familial, à l’augmentation de la valeur matrimoniale, à la promotion de la féminité et de la propreté, ou au respect des coutumes religieuses.

Adapter les interventions à chaque contexte spécifique est crucial. Le Dr Wisal met en avant des pratiques fondées sur des données probantes qui montrent des résultats prometteurs pour modifier les attitudes envers les MGF. Ces pratiques incluent :

1. Les dialogues communautaires avec les parents, les chefs religieux et les agents de santé, abordant les normes sociales spécifiques à chaque contexte.

2. Les campagnes médiatiques et de marketing social visant à changer les attitudes pour abandonner les MGF.

Intensifier ces interventions, tout en améliorant leur efficacité grâce à l’innovation et à des recherches supplémentaires, est essentiel pour transformer les changements d’attitude en véritables évolutions comportementales.

 

Un appel à l’action : accélérer les efforts pour éradiquer les MGF

Les conclusions du rapport UNICEF 2024 mettent en évidence le besoin urgent d’intensifier les efforts mondiaux pour éliminer les MGF. Bien que des progrès significatifs aient été réalisés, le rythme actuel de déclin reste insuffisant pour atteindre l’objectif de développement durable des Nations unies (ODD).

Atteindre cet objectif nécessitera non seulement des stratégies plus rigoureuses et culturellement pertinentes, mais aussi un renforcement de l’application des lois, une amélioration de l’éducation et un soutien substantiel aux survivantes. En outre, il est crucial de s’attaquer aux inégalités de genre profondes qui perpétuent cette pratique. Le Dr Wisal insiste sur la nécessité de développer les programmes actuels en utilisant des approches rentables, notamment de nouveaux partenariats avec le secteur privé, et d’intégrer les interventions contre

les MGF dans des initiatives plus larges. Une meilleure coordination et une mobilisation à plusieurs niveaux seront également essentielles pour accélérer les progrès.

La lutte contre les MGF continue, mais avec un engagement renouvelé et une coopération mondiale, des millions de filles et de femmes peuvent être protégées de cette pratique néfaste.

À l’approche de 2030, le message est clair : le moment d’agir est maintenant. Sans action significative et immédiate, des millions d’autres filles et femmes continueront de subir les conséquences irréversibles des MGF.

Références
  • UNICEF. (2024). Global Report on Female Genital Mutilation: New Data and Progress Analysis. UNICEF. here (anglais)