Des “campagnes de reconstruction”
Chaque année, l’hôpital organise des “campagnes de reconstruction”, pour recruter et préparer les femmes à la reconstruction qui s’étale sur deux semaines. C’est la partie la plus intense de l’activité du centre car beaucoup d’autres activités sont alors bloquées. Les campagnes donnent également l’opportunité à de nouveaux/nouvelles médecins d’être formé.e.s sur la technique.
“Bien sûr, tout gynécologue formé.e peut réparer des séquelles… par contre pour faire la reconstruction du clitoris, il est nécessaire d’avoir une formation spécifique.” nous explique Charlemagne.
Lors des campagnes, la demande est très importante et les femmes viennent non seulement du Burkina Faso mais aussi des pays voisins comme le Sénégal, la Guinée et la Côte d’Ivoire. Toutes bénéficient des mêmes services et payent un tarif subventionné par l’Etat burkinabé.
Depuis 3 ans la formation sur la reconstruction fait partie du curriculum des médecins gynécologues au Burkina Faso et grâce aux campagnes de formation, tout nouveau gynécologue formé.e au pays saura désormais faire la réparation des séquelles des MGF et la réparation du clitoris. Le module de formation inclus également un module sur la façon d’aborder et de dialoguer sur les MGF avec les femmes.
Afin de répondre à la demande importante pour des reconstructions du clitoris, Dr Ouédraogo se sert même de nouvelles technologies. “Lorsque des femmes habitant loin d’Ouagadougou me contactent, après une recherche sur internet, j’essaye de contacter un gynécologue sur place si j’en connais un, pour qu’il fasse la première consultation avec la femme. Mais si je n’ai pas de contact je fais des consultations à distance par web-cam. Ça marche bien pour un premier rendez-vous. Je demande ensuite à la femme de faire les prises de sang. Puis, elle prend son billet d’avion, on fait un entretien pré-opératoire en personne, et si tout va bien, on opère.”
“On n’opère pas les femmes qui n’ont pas de vie sexuelle. Il faut que les femmes aient déjà exploré leur sexualité pour savoir où elles en sont et ce dont elles ont besoin !”
Et les résultats ?
“Les résultats sur la sexualité sont positifs, on constate que beaucoup de femmes qui ont obtenu la reconstruction du clitoris voient une nette amélioration de leur sexualité.”
Enfin, la consultation pour la réparation du clitoris est aussi un moment propice à la sensibilisation. “Nous en profitons pour sensibiliser les femmes afin qu’elles n’excisent pas leurs enfants et qu’elles aident à protéger leur entourage féminin mineur. Pour les femmes qu’on rencontre c’est une évidence. Il y en a qui sont très en colère contre leurs mères qui ont permis qu’elles soient excisées. Notre rôle est alors de leur expliquer que leurs parents ont agi par ignorance mais qu’ils ne souhaitaient pas nuire à leur fille… “