Notre définition d’une approche thérapeutique est large et peut inclure une variété de pratiques diverses menées autant par des professionnel.le.s que par des groupes communautaires. « Alors, qui est thérapeute ? Qu’est-ce qui est thérapeutique pour des femmes concernées par l’excision ? » . Nous proposons de reprendre la définition suivante : « le processus thérapeutique doit permettre de soutenir le cheminement de (re)construction identitaire et permettre à la personne qui consulte de reprendre possession et conscience de son vécu, de son ressenti, de ses ressources et de son autonomie » (GAMS, 2015, p.83). Dans le cadre de la prise en charge sexologique, nous pouvons ajouter qu’il ne s’agit pas seulement de « traiter » mais également de promouvoir le plaisir sexuel des femmes en leur permettant de mieux se connaitre et de trouver leur place active dans la sexualité.
Toutes initiatives menées en faveur du bien-être psychologique et sexuel des femmes concernées par les MGF nous semblent intéressantes à partager, quel que soit l’initiateur ou l’initiatrice de ce projet. Nous proposons donc aux personnes qui remplissent cette enquête de définir leur démarche thérapeutique.
D’une part, nous voyons des professionnel.le.s, notamment, mais pas uniquement, des psychologues et des sexologues aussi, adapter des outils « classiques » de thérapie au sujet spécifique des MGF et au public des femmes excisées. D’autre part, des associations et groupes de femmes mettent en place des actions de bien-être et d’échange afin de traiter les conséquences psychologiques et sexuelles d’expériences traumatiques.
Des centres médicaux multidisciplinaires de prise en charge des femmes ayant subi une MGF existent dans certains pays d’Europe depuis quelques années (par exemple en Belgique, en Allemagne, en Hollande et en France). Ces centres proposent non seulement une prise en charge chirurgicale (ablation kyste, désinfibulation,…), mais aussi un accompagnement psychologique, sexologique et de la kinésithérapie. Quelques centres proposent la reconstruction chirurgicale du clitoris. Des associations militantes proposent également des ateliers communautaires ainsi qu’un suivi individuel social ou psychologique.
Il existe à notre connaissance peu de documentation sur les expériences de prise en charge multidisciplinaire dans d’autres régions, et notamment en Afrique. Le traitement des MGF a longtemps été considéré uniquement sous l’angle médical, et dans certains contextes il peut être difficile voire impossible d’obtenir un soutien psychologique ou sexologique après une excision. Plusieurs problèmes se posent également lorsque des services psycho-sexologiques existent, notamment des difficultés de disponibilité et d’accès aux services ainsi que le manque d’information. Néanmoins, certains centres de prise en charge médicale, comme au Burkina Faso, travaillent avec des psychologues pour assurer un suivi global.