Quoi, Où, Pourquoi ?
Une étude exploratoire de la sociologue sénégalaise Fatou Kebe examine actuellement une pratique consistant à couper l’ouverture vaginale des femmes, justifiée par “l’enlèvement de verrues” (Southieute en wolof). Selon Kebe, cette pratique est courante dans la communauté wolof du Sénégal mais est aussi pratiquée par les Soces, à Dakar. La plupart des femmes les pratiquant sont issues de la communauté Wolof. Elles sont pratiquées lorsqu’une femme nouvellement mariée a des difficultés à avoir des relations sexuelles avec son mari. Il est attendu des femmes d’être vierges avant le mariage.
Les verrues génitales sont causées par certains types de papilloma virus humain (HPV), un virus transmis sexuellement. Ils sont donc hautement improbables chez les personnes qui n’ont pas eu de relations sexuelles. L’étude préliminaire de Kebe indique également qu’il n’y a pas de verrues réelles chez les femmes qui subissent cette pratique. Les professionnel.le.s de la santé nient l’existence ” des sothieutes ” sur le plan scientifique , les praticiennes, à l’inverse, persistent et confirment leur existence. En fait, l’intervention semble n’avoir aucune justification médicale. Au lieu de cela, on pense que les femmes qui sont soumises à cette pratique souffrent de vaginisme ou ne consentent pas aux rapports sexuels. Par conséquent, l’auteure considère qu’il s’agit d’une forme de MGF et l’intérêt d’approfondir la question et les recherches sur le sujet est d’autant plus grand. (CoP FGM, 2019)
Cette pratique peut être comparée à celle du Nigéria, décrite dans un précédent article, car elle est pratiquée pour faciliter la pénétration vaginale. Des recherches plus approfondies devraient être faite pour connaitre l’étendue de la pratique au Sénégal, comprendre les raisons et saisir les conséquences éventuelles pour les femmes qui la vivent.
La communauté Wolof au Sénégal est généralement considérée comme une communauté non pratiquant les MGF. Selon l’étude démographique sur la santé du Sénégal, la prévalence est inférieure à 1% chez les filles ayant une mère wolof. (DHS, 2018) Par conséquent, la reconnaissance de cette pratique en tant que type de MGF aurait probablement une conséquence sur la prévalence générale des MGF au Sénégal ainsi que sur les politiques nationales contre les MGF.
Pour en apprendre davantage sur la pratique de l’”enlèvement des sothieutes”, une interview Fatou Kébé réalisée par la CoP-MGF dans le cadre de cette discussion sur les MGF type IV est disponible en ligne : http://bit.ly/sothieutes
“La Communauté de pratique sur les mutilations génitales féminines” fait partie du projet “Bâtir des ponts entre l’Afrique et l’Europe pour lutter contre les MGF”, soutenu par le “Programme conjoint UNFPA-UNICEF sur l’élimination des MGF”.
Le projet est coordonné par AIDOS en partenariat avec GAMS Belgique
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