Au Burkina Faso dans le district de Tougan, un programme prometteur a vu le jour sous l’égide du Ministère de la Santé et du FNUAP. Ce projet, aujourd’hui étendu à douze districts, consiste en l’intégration des thématiques du mariage forcé et des MGF dans les programmes de plannings familiaux.
Dans ce district, la promotion de la planification familiale se heurtait d’une part à un faible financement et d’autre part à une mobilisation sociale fragile. La participation communautaire était particulièrement faible.
Pour stimuler l’implication de la population locale, une approche utilisant un événement culturel/traditionnel local comme support de plaidoyer a d’abord été développée en 2013. Elle se nommait au départ les “Journées du Djandioba de la planification familiale”. Le Djandioba est une danse de réjouissance locale accompagnée d’une musique traditionnelle, dont la dimension culturelle féminine constituait un atout pour la promotion de la planification familiale. Il a ainsi été utilisé comme vecteur de plaidoyer et de mobilisation.
Au moment de son étendue à d’autres districts du pays, cette approche a été rebaptisée “Journées culturelles de la planification familiale” afin de prendre en compte la diversité culturelle nationale et ainsi faciliter le passage du niveau local à national.
C’est en 2017 que les luttes contre les mariages précoces et les MGF ont été associées à cette approche et à la planification familiale. Le chef traditionnel de la communauté est le premier à être sensibilisé aux thématiques du mariage forcé et des MGF. Au sein du district, un comité d’organisation est ensuite mis sur pied et formé par les professionnel.le.s de santé. Progressivement, ces professionnel.le.s se retirent et laissent alors les membres du comité d’organisation sensibiliser ménage par ménage les membres de la communauté aux questions de planification familiale, de mariage forcé et des MGF. Ce même comité est également en charge de l’organisation de la fête de clôture symbolisant la réussite du programme de sensibilisation.
Introduire la lutte contre les MGF dans une activité culturelle endogène permettait ainsi d’éviter “les obstacles culturels” habituellement rencontrés dans la mise en place de ce genre de programme. En effet:
“les MGF ont rarement été abandonnées quand les programmes visant à les éliminer ont été perçus par les communautés comme une attaque ou une critique de leurs cultures et de leurs valeurs locales” (OMS, 2012).
“La culture est un antidote à la violence, car elle nous invite à la compréhension d’autrui et féconde la tolérance”, Renaud Donnedieu de Vabres
Collaborer avec les communautés en mettant un accent particulier sur le respect et la compréhension de leur culture offre ainsi une grande chance de mettre fin à ces atteintes aux droits humains.
- Ministre de la Santé Burkina, Manuel de formation des prestataires
- Chapitre 09 « Put it all together » sur l’exemple du Burkina Faso dans « 17
ways to end FGM/C », UNFPA-UNICEF, 2017 - Kaboré S, Savadogo LB, Méda ZC, et al. Culture locale et participation communautaire : journées du Djandioba de la planification familiale au Burkina Faso [Local culture and community participation: Djandioba family planning day in Burkina Faso]. Sante Publique. 2016;28(6):817‐826., Access here
“La Communauté de pratique sur les mutilations génitales féminines” fait partie du projet “Bâtir des ponts entre l’Afrique et l’Europe pour lutter contre les MGF”, soutenu par le “Programme conjoint UNFPA-UNICEF sur l’élimination des MGF”.
Le projet est coordonné par AIDOS en partenariat avec GAMS Belgique
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